Les
points à surveiller :
1. Prévention de la dilatation gastrique
La dilatation gastrique est un accident
grave qui peut se produire lors d'une décompression brutale par ablation
intempestive du corset après un repas mal supporté. Ceci peut
imposer l'hospitalisation en réanimation. En fait, ces accidents étaient
surtout décrits avec les traitements par plâtre EDF. Nous n'avons jamais
observé de forme aussi sévère grâce aux quelques recommandations
suivantes :
- Fractionner les repas, pas de boisson gazeuse ni de
féculents (haricots...)
- En cas de malaise après un repas, ne jamais enlever
brutalement le corset.
- Plutôt desserrer légèrement (cela peut être fait
préventivement avant le repas) et se coucher sur le côté droit pour
faciliter la vidange gastrique dans le duodénum.
2. Douleurs
- Une scoliose
"normale" n'est pas douloureuse en elle-même. Si
la douleur persiste, il faut toujours demander l'avis du médecin.
- Pendant les trois premiers
jours du traitement, les corrections imposées par le
corset peuvent provoquer quelques douleurs et gêner le sommeil. Ne
pas hésiter à prendre un peu de Paracétamol (Doliprane®,
Efferalgan®, Dafalgan®, etc.), voire un peu de décontracturant (1/2
cp de Myolastan® ou 1 Valium® 2 à 5 mg). Ensuite, l'habitude de
porter le corset se prend d'autant plus rapidement que le port a été
continu dès le départ !
- A distance, certains
patients se plaignent de douleurs au niveau de la jonction
dorsolombaire. Il s'agit, en général, de
"dérangements intervertébraux mineurs", petits blocages
mécaniques qui sont facilement libérés par une manipulation sans
danger entre des mains compétentes. Une prévention peut être faite
par des mouvements d'étirements quotidiens en rotation et en
inclinaison (toujours dans le sens de la non-douleur). Ne pas avoir
peur des craquements !
3. Surveillance de la peau
- Un peu de rougeur est normale sous les points
d'appui, et il ne faut pas trop s'inquiéter s'il n'y a pas de relief
osseux en dessous.
- Attention aux appuis sur les reliefs osseux et les
menaces d'érosion : une rectification du corset doit être effectuée
en urgence +++ (ne pas hésiter à enlever le corset jusqu'à la
visite médicale).
- Marques sur les épineuses : lordose lombaire mal
contrôlée en station assise ou épineuses dorsales saillantes. Il
faut ajouter des patins d'appui paravertébraux.
- Attention aux marques d'appui au niveau des crêtes
iliaques quand le bassin s'élargit du fait de la croissance.
- Vergetures : assez rares, mais il faut parfois
modifier ou renouveler le corset sans attendre.
4. Compression axillaire
Le principe même d'ouvrir la courbure thoracique en
soulevant l'épaule expose à une compression des vaisseaux et nerfs du
bras au creux axillaire (fourmillements dans les mains, mauvaise
circulation...). Tout est une question de dosage et de participation
active du patient. Une rectification peut être nécessaire, à la
recherche du meilleur compromis possible.
5. L'évolution orthopédique
La pose du corset n'est qu'une étape dans le traitement
orthopédique. La scoliose peut se stabiliser, régresser ou continuer
d'évoluer, parfois de manière assez vicieuse. Il faut particulièrement
surveiller :
- l'élargissement du bassin, puis du thorax qui
peuvent conduire à une désadaptation assez soudaine du corset,
- le creusement du dos et l'apparition d'un inversion
des courbures dorsales et lombaire
- une verticalisation des côtes qui peut conduire à
un thorax tubulaire, alors que le rachis continue de se déformer à
l'intérieur de la cage thoracique
- un déséquilibre frontal
Toute évolution inquiétante, témoignant une
évolutivité mal contrôlable par le traitement orthopédique, doit faire
programmer une consultation conjointe avec le chirurgien orthopédiste
afin de s'accorder parfaitement sur la meilleure stratégie pour le
patient. |
Le programme
de suivi médical habituel :
-
1ère consultation
-
Moulage
-
Essayage
-
Livraison avec contrôle radiologique
-
Contrôle clinique d'adaptation à un
mois
-
Puis contrôle clinique tous les trois
mois
-
Contrôle radiologique tous les six
mois, voire plus espacé dans les périodes où le risque évolutif
est plus faible (en fin de croissance par exemple).
Cette surveillance
spécialisée est poursuivie jusqu'à la maturation osseuse complète
(Risser 4).
Un contrôle est encore programmé à un an de distance de l'ablation du
corset. Par la suite, il peut être utile de prévoir des contrôles à
long terme, tous les cinq ans (25, 30, 35 ans... par exemple) de manière
à connaître le profil évolutif précis de la scoliose à l'âge adulte.
Mais il est inutile de multiplier des radios à tout bout de champ pour la
moindre lombalgie.
En pratique, il faut en général un à deux corsets successifs
pour couvrir
le traitement d'une scoliose de l'adolescence. Il est rarement nécessaire de
réaliser plus de quatre corsets pour une scoliose juvénile prise vers l'âge
de 8 ans par exemple.
La réaction de refus à
l'adolescence
Le port d'un corset est
généralement très bien toléré jusque vers l'âge de 12-13 ans. Au
tournant de la puberté, les choses peuvent se compliquer du fait de
multiples facteurs : lassitude vis à vis d'un traitement dont on ne voit
pas le bout, réaction vis à vis des adultes, remarques méchantes des
copains, complexes vis à vis de son propre corps... et parfois mauvais
conseils donnés par des gens peu
compétents !
L'abandon intempestif peut
avoir des conséquences dramatiques et bon nombre de scolioses
opérées correspondent à des patients qui ont été perdus de vue à un
moment critique ! Quel dommage d'avoir tenu pendant plus de deux ans une
scoliose à moins de 30° et de la voir revenir à 16 ans à plus de 45°
!
Le dialogue ouvert
et répété avec l'adolescent scoliotique et ses parents joue un rôle
déterminant pour prévenir ce genre de catastrophe irréparable. Il faut
aussi savoir doser l'intensité du traitement en
fonction du risque évolutif, encourager les activités
sportives nécessaires à l'épanouissement de l'adolescent, être
rigoureux en hiver pour avoir un peu de marge de manoeuvre en été...
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